
LES TRAITEMENTS
But des traitements
Les objectifs des traitements lorsque le cancer est métastatique (stade 4) sont :
- d’améliorer ou maintenir une bonne qualité de vie;
- de contrôler les métastases;
- de prolonger la durée de la vie.
Vous avez appris que le cancer du sein qui a été traité dans le passé a réapparu et qu’il s’est étendu à une autre partie de votre corps, ou bien vous venez d’apprendre que vous avez un cancer du sein et que la maladie touche aussi une autre partie de votre corps. On vous a dit que vous aviez un cancer du sein métastatique (stade 4).
Lorsqu’il vous a informé de cette situation, votre médecin vous a probablement expliqué qu’à ce stade, les traitements qui vous seront offerts ne pourront pas vous guérir de cette maladie. L’objectif des traitements est d’améliorer votre qualité de vie, de contrôler la maladie et de vivre plus longtemps. Si vous avez déjà combattu un cancer du sein auparavant, il se peut que vous soyez surprise du suivi qui vous est proposé aujourd’hui. En effet, une maladie qui touche votre sein uniquement (cancer du sein primaire) ou une maladie qui s’étend à une autre partie de votre corps (cancer du sein métastatique) sont deux conditions très différentes… même s’il s’agit toujours d’un cancer du sein! Ainsi, si votre cancer touche une autre partie de votre corps (ex. les poumons), ce n’est pas un cancer du poumon, mais bien un cancer du sein qui a atteint les poumons, ce pour quoi les médicaments privilégiés seront ceux traitant le cancer du sein.
Plusieurs traitements sont offerts pour le cancer du sein métastatique (stade 4). Le choix est fait en fonction du type de cancer (selon le statut des récepteurs hormonaux et du HER2), de vos autres problèmes de santé et de vos objectifs (valeurs). Il est néanmoins important de remarquer qu’il n’y a pas de lien entre les effets secondaires et l’efficacité d’un traitement. En effet, ce n’est pas parce qu’un traitement provoque plusieurs effets secondaires qu’il est plus efficace qu’un autre. Les effets secondaires surviennent de façon différente d’une patiente à l’autre, de la même manière que les femmes répondent différemment aux traitements. Chaque patiente est unique et est atteinte d’une maladie unique qui répondra de manière unique aux traitements.
Le temps presse-t-il ?
« Docteur, j’ai des métastases. Nous devons commencer rapidement les traitements. Le temps presse!»
C’est l’impression que toutes les patientes partagent : « si j’étais venue plus tôt » ou « si les examens avaient été faits plus tôt, la métastase aurait été diagnostiquée quelques mois avant ». En fait, que les métastases soient détectées lorsque les patientes n’ont pas de symptômes ou lorsque des symptômes apparaissent, il n’y a pas de différence sur l’espérance de vie. Il faut toujours se dire que ces métastases ne signifient pas qu’un nouveau cancer du sein est survenu. Cela veut plutôt dire que les cellules cancéreuses qui proviennent du cancer original ont pris un certain temps pour se manifester et causer des symptômes. Nous appelons cela « l’intervalle TM» pour tumeur-métastases. Plus cet intervalle est long, meilleures sont les chances de réaction favorable au traitement anti-hormonal puisque ces patientes ont souvent une tumeur indolente (c.-à.d. à progression lente). Par conséquent, cela vaut la peine de bien évaluer l’adversaire (soit le cancer du sein métastatique) et de connaître les symptômes à soulager rapidement, tels qu’une douleur significative à un endroit pour lequel un traitement local (ex. radiothérapie) est nécessaire, avant d’administrer un traitement systémique, telle une chimiothérapie.
Nombre de traitements
« Combien de traitements vais-je avoir » ?
L’équipe soignante peut vous offrir des traitements de chimiothérapie dans trois situations cliniques différentes.
Ils peuvent être administrés après une chirurgie afin de diminuer les risques que des métastases ne surviennent, le tout en se fiant aux caractéristiques du cancer opéré et aux probabilités qu’il cause des métastases. On appelle ce traitement « adjuvant ».
Ils peuvent aussi être administrés avant d’opérer lorsqu’une tumeur est inopérable ou lorsqu’elle est si volumineuse qu’une opération entraînerait une mastectomie totale alors que la préservation du sein est souhaitée. On appelle ce traitement « néo-adjuvant».
Dans ces deux situations, le nombre de cycles de chimiothérapie est prédéterminé (ex. six cycles). Dès le départ, vous connaissez le nombre que vous devrez subir, après quoi tout sera terminé.
La chimiothérapie utilisée en présence d’un cancer métastatique (stade 4) constitue la troisième situation. Contrairement aux deux premières, le nombre de cycles de traitement est inconnu au départ. En fait, dès le diagnostic de métastases, le médecin prend des images (ex. par tomodensitométrie) des sites de métastases afin de pouvoir comparer leur évolution à la suite des traitements de chimiothérapies.
Le médecin et la patiente commencent ensuite un traitement en sachant qu’il peut fonctionner dans un certain pourcentage de cas. Sera-t-il efficace chez la patiente, Mme X? Sans l’essayer, on ne le sait pas. Malgré toutes les recherches, personne n’a encore trouvé un test prédictif de la réponse efficace à 100 % chez une patiente donnée. Habituellement, le médecin administre quelques cycles de chimiothérapie pour ensuite vérifier, avec les examens, quel en a été l’effet. Si, par exemple, la patiente a des métastases pulmonaires, et que la lésion passe de 3 cm à 2 cm sur l’examen de tomodensitométrie, il y a rémission partielle ou réponse partielle… et le même traitement sera poursuivi, à condition que la patiente le tolère bien. Même si la lésion suivie est stable, le traitement se poursuit, car cela signifie que la maladie est contrôlée : la maladie est devenue stable. Par contre, si les métastases progressent ou que de nouvelles lésions apparaissent, il est préférable de cesser le traitement pour le remplacer par un autre médicament.
Votre médecin peut également surveiller les marqueurs tumoraux. Les marqueurs tumoraux sont détectés dans votre sang et peuvent indiquer que votre maladie progresse. Les patientes ont souvent l’impression que l’on peut détecter des métastases par une prise de sang donc en utilisant des marqueurs tumoraux (CEA, CA15.3) pour détecter les métastases. Les patientes discutent souvent entre elles et se demandent comment sont leurs marqueurs. Il faut savoir qu’en cancer du sein, les marqueurs tumoraux ne sont pas toujours fiables et c’est la raison pour laquelle ils sont peu utilisés chez les patientes qui n’ont pas encore de métastase. Ainsi, certaines patientes peuvent avoir des métastases mais des marqueurs tumoraux normaux. De plus, un médecin ne va que très rarement entreprendre ou modifier un traitement en se basant seulement sur les marqueurs tumoraux. C’est l’ensemble des symptômes, des effets secondaires et le suivi des lésions métastatiques aux examens d’imagerie (TDM, scan) qui vont aiguiller le médecin sur la poursuite ou non des traitements.
Contexte de la maladie métastatique
Lorsque la maladie est métastatique (stade 4), quelques mois de recul sont nécessaires après un début de traitement avant de faire des examens et de se prononcer sur la réponse à celui-ci. Cette approche laisse parfois croire à la personne atteinte que sa situation n’est plus prise au sérieux. Certaines personnes vont même jusqu’à penser que leur médecin ne se préoccupe plus d’elles parce que « c’est peine perdue de toute façon ». C’est faux! Les traitements et le suivi sont différents parce que vous risquez de demeurer sous traitement pour le reste de votre vie. Le maintien (ou le rétablissement) de votre qualité de vie est un facteur important à considérer.
À l’annonce de la maladie métastatique (stade 4), l’une des premières questions qui vous viendront à l’esprit sera : « Combien de temps ai-je devant moi? » À ce stade, il est fort probable que votre médecin aura de la difficulté à se prononcer. N’allez surtout pas croire qu’il tente de vous cacher de l’information! Le cancer du sein fait l’objet de beaucoup d’efforts de recherches. Plusieurs options de traitements sont aujourd’hui possibles à ce stade. De nombreuses femmes peuvent vivre plusieurs années après un diagnostic de cancer du sein métastatique (stade 4). L’espérance de vie varie selon plusieurs facteurs tels que la nature des métastases, leur nombre, leurs caractéristiques (HER2 positifs, tumeur hormono-sensible), les organes touchés et les dommages qu’elles y ont faits. La façon dont les cellules cancéreuses réagiront au traitement est un autre facteur.
Comme il a été expliqué plus tôt, il faut plusieurs semaines (sinon quelques mois) avant d’observer la réponse à un traitement. Dans le cas où les résultats ne sont pas satisfaisants, une autre option de traitement sera probablement envisagée. Il faudra à nouveau attendre afin de noter des résultats. Ces options de traitement sont appelées des lignes de traitement. Une nouvelle ligne est envisagée quand la maladie progresse, c’est-à-dire quand le traitement actuel ne réussit plus à contrôler la maladie.
Pronostic
Quand on parle de pronostic, on parle de la prédiction de l’évolution du cancer. Parfois, les patientes ou leurs proches veulent savoir « combien de temps il reste »? Or, lorsque le cancer du sein a engendré des métastases, il ne peut pas être guéri. Les métastases sont des cellules du même type que les cellules cancéreuses du cancer du sein qui sont allées se loger ailleurs, soit en dehors du sein ou des ganglions. À ce moment, le cancer devient incurable. On dit que la maladie est métastatique, par exemple aux os ou aux poumons. Elle ne devient pas pour autant un cancer des « os » ou un cancer du « poumon » : elle demeure un cancer du sein qui a causé des métastases à ces organes. La question de savoir combien d’années une patiente peut encore espérer vivre est très difficile à répondre, car la durée est très variable d’une personne à l’autre et dépend des caractéristiques du cancer. Chaque maladie est unique pour une patiente unique. Certaines patientes peuvent vivre quelques saisons, et d’autres, plusieurs années. Cela dépend de certains facteurs comme le type de cancer (ex. les cancers hormono-sensibles sont associés à une espérance de vie plus longue que d’autres types de cancers), les traitements reçus et vos autres problèmes de santé. Il n’est donc pas possible de prédire avec certitude l’évolution du cancer chez une patiente donnée. Les statistiques officielles démontrent que 25% des patientes vivront plus de 5 ans, mais cette survie peut varier de quelques mois à plus de dix ans.
Choisir le meilleur traitement
Tout d’abord, certaines patientes pourraient décider de ne pas suivre de traitements contre les métastases, notamment en raison de problèmes de santé importants ou de croyances personnelles. Vous devriez en discuter avec vos médecins traitants. Des ressources psychosociales sont également disponibles pour discussion et peuvent vous aider à prendre ces décisions.
Le choix de traitements, s’il y a lieu, sera déterminé selon le type de cancer du sein (ex. hormono-dépendant, HER2 positif), l’étendue et la localisation des métastases ainsi que les objectifs de la patiente. Aussi, lorsque plus d’un choix de traitements est possible, le médecin discutera avec vous des avantages et inconvénients de chacun. Il faut savoir qu’un traitement peut être arrêté en tout temps s’il ne convient pas! Chaque femme est différente. Certaines sont prêtes à subir possiblement beaucoup d’effets secondaires si le traitement a de bonnes chances de succès alors que d’autres préfèrent un traitement comportant moins d’effets secondaires, même s’il a moins de chance de réussir. Il faut savoir que ce n’est pas parce qu’un traitement présente peu d’effets secondaires (ex. traitement hormonal seul) qu’il n’a pas de chances de fonctionner. Aucun test ne peut prédire si le traitement contrôlera ou non le cancer. Il faut suivre le traitement pendant quelques mois pour voir son effet.
« Mon cancer n’a pas diminué »
Un traitement est administré surtout dans le but d’empêcher le cancer de progresser. Bien sûr, lorsqu’il y a une diminution des métastases c’est une bonne nouvelle; pourtant, un cancer qui reste stable et qui est contrôlé est aussi une bonne nouvelle. Dans ces circonstances, le traitement est habituellement poursuivi s’il est bien toléré.
Pilule vs. chimiothérapie ?
La réponse est oui : ces traitements sont aussi bons lorsqu’ils sont administrés de façon adéquate, selon des indications appropriées. Ainsi, si le cancer du sein primaire est hormono-sensible, il est fort à parier que la ou les métastases aient les mêmes propriétés. Par conséquent, si la patiente a des métastases pulmonaires qui ne lui donnent que peu de symptômes, il est préférable de débuter avec un traitement anti-hormonal comme l’anti-aromatase (anastrozole, letrozole, exemestane). Les chances de succès sont aussi bonnes que si vous commenciez par une chimiothérapie, mais avec beaucoup moins d’effets secondaires. Encore ici, des examens seraient effectués pour vérifier si le traitement fonctionne après quelques mois! Si c’est le cas, le processus suivra son cours. Lorsqu’un traitement anti-hormonal est possible et indiqué, le médecin a avantage à favoriser cette approche qui se traduit par la prise de pilules, peu d’effets secondaires, et des visites espacées à l’hôpital. Certaines patientes prennent ces pilules pendant plusieurs mois, voire quelques années. Dans ces conditions, elles ont une bonne qualité de vie. Lorsqu’une évaluation démontre que les métastases progressent, le traitement est changé. Parfois, divers types de comprimés (lignes de traitement) se succèdent avant d’entreprendre une chimiothérapie, plus invasive.
Un point important à souligner est que le traitement du cancer du sein métastatique (stade 4) se fait petits pas par petits pas, sans brûler d’étape, en ne mettant pas tous les médicaments ensemble. Un grand nombre d’options de médicaments augmente les chances de vivre longtemps, même si la patiente doit toujours vivre avec un traitement. Toutefois, de petites périodes de répit sont possibles entre les traitements.
Essais cliniques (recherche)
Recherche : ce mot évoque habituellement le commentaire « je ne veux pas servir de cobaye! » Le médecin a pour rôle d’expliquer à la patiente la vraie valeur des études et les avantages pour elle. En fait, toutes les avancées en cancer du sein proviennent des résultats des recherches. Les patientes qui y ont participé ont évidemment pris un risque, mais un risque souvent à leur avantage. En effet, la plupart des études comparent un nouveau traitement avec le traitement habituel dans les mêmes conditions. C’est par des études qu’il a pu être vérifié qu’une mastectomie partielle était aussi avantageuse qu’une mastectomie totale sous certaines conditions, qu’un ganglion sentinelle négatif évite une dissection axillaire et qu’un traitement au tamoxifen après une chirurgie prévient souvent des rechutes du cancer.
Un médecin ne pourrait pas se lever un matin et décider d’appliquer un nouveau traitement qu’il croit, lui, avantageux! Il faut d’abord que cette idée soit vérifiée, et la seule façon consiste à faire des études randomisées, c.-à-d. que ni le patient ni le médecin ne sait quel traitement sera choisi (ex. entre les deux traitements d’une étude) afin de ne pas influencer les résultats.
Les essais cliniques visent à tester un nouveau médicament, une méthode inédite d’administrer un médicament reconnu ou une nouvelle approche chirurgicale inexplorée. Ils sont organisés par des groupes académiques (affiliés à des universités ou des organisations gouvernementales), par l’industrie pharmaceutique ou par des groupes internationaux de recherche. Ils permettent à la patiente d’avoir accès à une nouvelle approche jugée prometteuse avant qu’elle ne soit offerte à la population générale, ce qui peut améliorer le pronostic ou le devenir d’une maladie.
Dans un essai clinique, la nouvelle approche est toujours comparée à l’approche conventionnelle et n’est étudiée que si elle promet d’être au moins aussi efficace que cette dernière. Ainsi, peu importe le traitement reçu, vous êtes assurée d’être traitée aussi efficacement que si vous ne participiez pas à l’étude. Toutefois, il est important de se souvenir que la nouvelle approche n’est pas nécessairement meilleure que l’approche conventionnelle (c’est pour cela qu’on fait l’étude), mais elle doit être minimalement aussi bonne que celle offerte à la population générale. Sans cette condition, les comités d’éthique de la recherche (qui sont chargés de surveiller les essais cliniques) n’autorisent pas l’essai clinique. Par conséquent, si une étude est offerte (c. à-d. autorisée par un comité d’éthique à la recherche), cela signifie que les participantes ne risquent pas de tomber sur un traitement moins efficace que l’approche conventionnelle : au contraire, elles courent la chance de bénéficier d’une molécule testée plus efficace ou d’effets secondaires moindres. Cependant, il est aussi possible que le nouveau traitement soit associé à plus d’effets secondaires et ne soit pas meilleur que le traitement conventionnel.
De plus, la participation à un essai clinique permet de faire progresser le traitement du cancer du sein. Malgré tout, votre participation reste entièrement volontaire. Vous pouvez refuser de participer; les soins conventionnels vous seront alors donnés. Sachez également que votre médecin ne reçoit aucune rémunération pour ces protocoles de recherche.
Il est aussi important de mentionner le chemin qu’un médicament doit suivre pour qu’un médecin puisse le prescrire. Souvent, des années de développement et de recherche sont nécessaires avant d’en arriver à l’étape de votre prescription! Un médicament doit d’abord être conçu en laboratoire, et ensuite testé chez les animaux afin de prouver son potentiel anticancéreux. S’il est jugé qu’un médicament serait potentiellement efficace chez l’humain, on procède à des essais cliniques de phases 1, 2 et 3. Si ces essais sont concluants, Santé Canada peut approuver le médicament. Une fois cette étape franchie, le gouvernement provincial évalue ce traitement pour décider s’il y a lieu de l’inscrire à la liste des médicaments remboursés par le régime d’assurance maladie du Québec. Parallèlement, les assurances privées évaluent le remboursement ou non des nouvelles molécules. Il peut y avoir une disparité entre les couvertures publiques et les assurances privées, surtout au début de la mise en marché d’un nouveau médicament.
Avantage des protocoles de recherche en situation métastatique ?
Quel est l’avantage des protocoles de recherche pour une patiente atteinte d’un cancer métastatique? Il faut savoir que tous les traitements actuellement offerts et payés par la RAMQ ont été d’abord prouvés efficaces par des études. Si un nouveau traitement semble prometteur en cancer du sein selon des études préliminaires, il devra d’abord être offert aux patientes qui acceptent de participer à une étude le comparant au traitement reconnu. Subséquemment, si et seulement s’il est prouvé supérieur, ce traitement pourra être prescrit aux autres patientes et deviendra peut-être le nouveau traitement conventionnel. Cependant, dans l’intervalle de cette reconnaissance, qui peut prendre des années, la seule façon de l’obtenir sera de participer à l’étude ou essai clinique. Par l’intermédiaire de cet essai clinique, la patiente peut donc avoir accès à un traitement « du futur » et ainsi ajouter une marche à l’escalier de la maladie!
Types de cancer du sein et traitements
Le cancer du sein est en réalité un groupe de plusieurs maladies variant d’une patiente à l’autre et dont le traitement diffère. L’équipe médicale part du principe que chaque patiente est unique et est atteinte d’une maladie unique. Néanmoins, de grandes lignes peuvent être suivies.
Il existe trois grandes catégories de cancers du sein.
- Les cancers hormono-sensibles (ou hormonodépendants) réagissent à l’action des traitements anti-hormonaux. Le traitement anti-hormonal empêche l’action des hormones sur les cellules cancéreuses et, ce faisant, modifie la croissance ou le comportement de cette cellule. Pour ce sous-groupe de cancer du sein, un traitement anti-hormonal (tamoxifène, inhibiteur de l’aromatase, fulvestrant) est recommandé en présence d’une maladie peu agressive, alors que la chimiothérapie est réservée aux cas où la maladie progresse malgré le traitement anti-hormonal ou lorsque des organes vitaux sont atteints de façon significative. Il arrive que l’équipe traitante suggère de combiner un traitement anti-hormonal à d’autres traitements ciblés (par ex. à l’everolimus ou à un inhibiteur du CDK4/6 comme le palbociclib ou le ribociclib). Malgré tout, même si un cancer hormono-sensible peut être contrôlé avec un traitement anti-hormonal, une chimiothérapie peut éventuellement s’avérer nécessaire.
- Les cancers HER2 positifs surexpriment le HER2, qui est un marqueur d’agressivité de la maladie. Le traitement typique cible spécifiquement le récepteur HER2 (ex. trastuzumab, pertuzumab, trastuzumab emtansine (T-DM1), lapatinib) et peut être combiné ou non à un traitement anti-hormonal ou à une chimiothérapie, selon la sensibilité du cancer aux hormones (cancers hormono-sensibles) et les organes atteints.
- Les cancers dits triples négatifs ne sont pas hormono-sensibles et sont HER2 négatifs. L’approche habituelle est une chimiothérapie.
Comme il a été souligné ci-dessus, chaque maladie est unique. L’équipe médicale adaptera votre traitement à votre maladie et tiendra compte de leurs effets secondaires. Ces traitements varieront aussi selon la vitesse de progression des métastases et les organes atteints. Il n’y a pas de recette unique applicable à toutes les femmes : il est probable que votre traitement diffère de celui des autres patientes autour de vous.
Il se peut que de la radiothérapie vous soit proposée afin de contrôler certaines métastases. Ainsi, les métastases au cerveau sont habituellement traitées par radiothérapie ou chirurgie, car la plupart des médicaments habituels ne peuvent les atteindre. Certaines métastases aux os peuvent aussi être traitées par radiothérapie si elles sont douloureuses.
Certains médicaments récents appelés « traitements ciblés » agissent sur des caractéristiques très précises de certains cancers. Il est donc possible qu’un tel traitement vous soit proposé si votre maladie présente ces caractéristiques. Toutefois, il est important de se rappeler que les traitements ciblés sont très spécifiques et qu’ils ne peuvent être donnés qu’à certaines patientes.
De même, il vous sera proposé de participer à des études cliniques si votre maladie répond aux critères des études en cours. Celles-ci peuvent vous permettre de recevoir de nouveaux médicaments avant qu’ils ne soient sur le marché, ou de recevoir de nouvelles combinaisons de médicaments existants. Votre équipe médicale vous proposera une étude à laquelle vous pouvez participer si elle est offerte dans votre centre.
Traitements systémiques
Traitements systémiques (qui sont administrés sous forme de comprimés ou d’injections et qui vont agir partout dans le corps) :
- Traitement hormonal : médicament normalement administré sous forme de comprimés ou parfois en injection intramusculaire (fulvestrant) et qui bloque l’action des hormones (tamoxifen, anastrozole, letrozole, exemestane, fulvestrant, megace). Fonctionne chez les femmes qui ont un cancer « hormono-sensible », c.-à-d. que le cancer exprime les récepteurs hormonaux.
- Traitement anti-HER2 : traitement ciblé offert aux patientes qui ont un cancer qui surexprime le récepteur HER2 à la surface des cellules cancéreuses. Médicament habituellement intraveineux (trastuzumab, pertuzumab, T-DM1) et plus rarement offert en comprimés (lapatinib). Traitement qui vise à détruire tout particulièrement les cellules qui surexpriment le récepteur HER2.
- Chimiothérapie : traitement la plupart du temps intraveineux et rarement en comprimés. Détruit les cellules en division active, qu’elles soient bonnes (racines des cheveux, cellules du sang) ou mauvaises (cellules cancéreuses). C’est pourquoi la chimiothérapie*10 courante est généralement associée à plus d’effets secondaires que les autres traitements.
- Traitement ciblé : nouveau traitement qui cible spécifiquement une anomalie présente dans les cellules cancéreuses et pas dans les cellules normales. En général, comporte moins d’effets secondaires que la chimiothérapie, mais plus que le traitement hormonal seul. Peut être administré en combinaison avec un traitement hormonal. Ce médicaments n’est donné qu’aux patientes dont le cancer présente spécifiquement la caractéristique susceptible de réagir.
L’équipe médicale pourrait vous proposer de participer à un protocole de recherche visant à étudier l’efficacité d’un nouveau médicament. Si tel est le cas, vous êtes certaine de recevoir au moins le traitement conventionnel et possiblement un nouveau traitement expérimental qui a été jugé prometteur et possiblement meilleur que le traitement conventionnel dans des études antérieures chez les animaux et les humains.
Radiothérapie
La radiothérapie est un traitement avec des rayons qui détruisent les cellules cancéreuses à un endroit visé, à une dose prédéterminée, tout en protégeant le plus possible les tissus sains avoisinants. C’est pourquoi on ne peut pas dépasser une certaine dose de rayons et que l’on ne peut pas soigner une grande surface à la fois. Dans un contexte de cancer du sein de stade 4, les traitements de radiothérapie sont souvent administrés pour diminuer la douleur associée à une métastase osseuse ou bien pour traiter des métastases au cerveau.
Chirurgie
La chirurgie n’est utilisée qu’exceptionnellement dans les cas de cancers métastatiques (stade 4).
Traitements de soutien
Afin de soulager les symptômes tels que la douleur ou la nausée, des médicaments seront prescrits.
La perte des cheveux avec la chimiothérapie n’est pas dangereuse en soi, mais elle est souvent un des symptômes les plus psychologiquement traumatisants pour les femmes. Certains centres offrent un bonnet réfrigéré qui permet de diminuer la perte des cheveux, sans toutefois complètement l’empêcher.
Médecine alternative
La médecine alternative inclut un vaste éventail d’approches souvent issues de pratiques traditionnelles de différentes cultures. Parmi ces approches, se trouvent le Tai Chi, le Qi Gong, l’acupuncture, l’homéopathie, la phytothérapie, l’ostéopathie, etc. Certaines de ces approches sont régies par des lois et associations professionnelles, mais pas toutes. Il est maintenant reconnu que les approches méditatives peuvent aider les patientes atteintes de cancer métastatique (stade 4) à mieux supporter la douleur due au cancer et les effets secondaires des traitements. L’acupuncture est également de plus en plus reconnue pour le contrôle de la douleur. Si vous utilisez des médecines alternatives, il est important d’en discuter avec votre équipe de soins, car certaines substances contenues, par exemple, dans des traitements de phytothérapie, peuvent diminuer l’efficacité de vos traitements contre le cancer ou augmenter les risques d’effets secondaires.
Urgence métastatique
Certaines situations de maladie métastatiques peuvent demander une réaction urgente. Ainsi, si vous avez :
- des troubles de la vision
- des troubles respiratoires (essoufflement) nouveaux ou nettement augmentés
- des étourdissements
- des maux de tête accompagnés de vomissements
- des troubles neurologiques (faiblesse dans un membre)
- idées suicidaires
Vous devez consulter votre médecin ou son équipe rapidement !
Métastases au cerveau
Les métastases au cerveau représentent un cas spécial. En effet, la majorité des traitements contre le cancer ne parviennent pas à entrer dans le cerveau; c’est pourquoi les métastases dans cet organe sont principalement traitées par radiothérapie.
Métastases aux os
Les métastases aux os sont des métastases lentement évolutives. Elles ne vont habituellement pas directement menacer la vie d’une patiente, mais elles peuvent être douloureuses. Il faut donc faire part à votre médecin de toute douleur persistante. Elles représentent aussi un risque accru de fractures au site de la métastase. Les métastases aux os sont soignées par des traitements administrés en pilules ou par voie intraveineuse, ainsi que par la radiothérapie. Certains médicaments ralentissent les dommages aux os provoqués par ces métastases et préviennent les complications : les biphosphonates et le denosumab.