GESTION DES SYMPTÔMES
Fatigue
Description
La fatigue figure parmi les symptômes les plus fréquemment rapportés par les personnes atteintes de cancer, particulièrement durant la période des traitements. Cette fatigue est différente de la fatigue normale, qui est souvent le résultat d’activités ou d’efforts ou que l’on ressent habituellement à la fin d’une journée. Cette fatigue, qui est vécue par tout le monde, est généralement de courte durée et se dissipe avec le repos et une bonne nuit de sommeil.
La fatigue associée au cancer se décrit plutôt comme une lassitude excessive, un épuisement généralisé du corps en entier. Elle n’est pas résolue par le repos ou le sommeil. Elle apparaît souvent de façon soudaine comme si vous « frappiez un mur ». Elle peut être de courte durée, mais peut aussi perdurer pendant des mois, pendant toute la durée des traitements et même une fois les traitements terminés. Il se peut que vous soyez si fatiguée que vous ayez de la difficulté à fonctionner normalement et à faire vos tâches quotidiennes, votre travail ou vos loisirs. Les personnes qui en souffrent rapportent souvent avoir l’impression de ne pas avoir l’énergie de faire quoi que ce soit, que « tout est une montagne ».
La fatigue associée au cancer est souvent considérée comme une conséquence normale et inévitable, particulièrement chez les patientes traitées pour un cancer métastatique (stade 4). Il arrive qu’elle soit banalisée par la personne atteinte, ses proches et même l’équipe soignante. Cependant, les conséquences de la fatigue* 9 sur la qualité de vie* 5 sont importantes et ne doivent pas être négligées.
Symptômes
Les manifestations de la fatigue peuvent varier d’une personne à l’autre ou d’une période à une autre chez une même personne. Vous pourriez ressentir :
- un manque d’énergie;
- une lassitude, une faiblesse;
- la sensation d’être épuisée ou exténuée, même après une bonne nuit de sommeil;
- de la difficulté à vous concentrer, à vous souvenir de certaines choses, à trouver vos mots ou à penser clairement;
- de l’essoufflement ou un affaiblissement rapide lors d’une activité même légère;
- une incapacité à réaliser les tâches de la vie quotidienne;
- un manque d’intérêt pour vos activités habituelles, même plaisantes;
- des changements émotifs tels qu’une plus grande émotivité, une irritabilité ou des sautes d’humeur;
- un plus grand besoin de sommeil qu’à l’habitude.
Causes
Les causes exactes de la fatigue associée au cancer peuvent être difficiles à déterminer. Néanmoins, il est reconnu que plusieurs traitements contre le cancer du sein métastatique peuvent inclure la fatigue parmi leurs effets secondaires, tels que la plupart des chimiothérapies la radiothérapie, le traitement hormonal ou certains traitements ciblés. Certaines maladies métastatiques peuvent aussi contribuer directement à la fatigue, notamment dans le cas des métastases au foie ou aux poumons. Voici quelques autres causes possibles de la fatigue dans le contexte du cancer, notons entre autres les suivantes.
- La dénutrition ou un manque de nutriments : Ces carences peuvent résulter des effets secondaires des traitements (ex. perte d’appétit, nausées, vomissements, déshydratation, problèmes digestifs, diarrhée) ou des métastases comme telles (ex. métastases au foie).
- Effets secondaires : D’autres effets secondaires ou conséquences des traitements peuvent amplifier la fatigue, notamment la douleur, les bouffées de chaleur, les nausées ou une infection.
- L’anémie : Certains traitements ou certaines métastases peuvent avoir un effet sur la quantité de globules rouges contenus dans le sang et causer de l’anémie.
- La médication : Certains médicaments couramment utilisés pour gérer les symptômes tels que les nausées, la douleur, la dépression, l’anxiété ou l’insomnie peuvent aussi causer de la fatigue.
- Le manque d’exercice : Il est reconnu que le manque d’exercice physique peut entraîner de la fatigue, tout comme la prise de poids. En effet, trop de repos peut générer un déconditionnement du corps et donner une sensation de fatigue ou de faiblesse.
- Les difficultés de sommeil, l’anxiété et les symptômes dépressifs: Ces facteurs peuvent également tous contribuer à la fatigue et à une sensation d’épuisement.
Stratégies de gestion
Bien qu’il soit difficile de s’attaquer à certaines de ces causes, plusieurs stratégies peuvent être entreprises pour atténuer ou pour mieux gérer la fatigue associée au cancer.
- L’activité physique : La plupart des gens ont tendance à se reposer plus longtemps qu’en temps ordinaire lorsqu’ils sont fatigués. Lorsqu’une personne est atteinte d’un cancer métastatique, c’est souvent nécessaire! Pourtant, il se peut que de trop nombreuses périodes de repos vous nuisent: avez-vous déjà remarqué que plus vous vous reposez, plus vous vous sentez fatiguée? Les études ont démontré que de pratiquer des activités physiques de moyenne intensité (marche, vélo, natation, musculation avec des poids) constitue la stratégie la plus efficace pour contrer la fatigue liée au cancer. Assurez-vous que vous ne présentez pas de contre-indication à l’activité physique choisie et respectez votre seuil de tolérance. Même un exercice léger, comme une courte promenade, pourrait vous apporter un gain d’énergie. Il est recommandé de faire 30 minutes d’activité physique par jour, cinq jours par semaine. Cela peut vous paraître beaucoup, mais commencez lentement, surtout si vous étiez inactive auparavant, et augmentez graduellement la fréquence, la durée et l’intensité de l’exercice selon votre condition physique. Pour augmenter votre motivation et en faire une occasion de plaisir, choisissez des activités que vous aimez ou faites-vous accompagner par un proche. Un(e) kinésiologue pourrait vous proposer un programme d’activités adapté à votre situation.
- Approches corps-esprit : Certaines approches corps-esprit telles que le yoga, le Tai-Chi ou le Qi Gong peuvent aussi être des options intéressantes. Ces techniques combinent habituellement des exercices légers, des étirements, de la relaxation, des exercices de respiration et des poses de méditation. D’autres approches peuvent également vous aider à composer avec la fatigue, telles que l’acupuncture, la massothérapie ou le Reiki, bien que leur efficacité pour la fatigue reste encore à démontrer.
- Massages : Souvent, la patiente est inquiète de l’effet négatif d’un massage sur les métastases. Un massage est sécuritaire et souvent relaxant. Cependant, certains types de métastases appellent à la prudence : en présence de métastases osseuses, la pression sur votre corps devrait être minimale; en présence de métastases à la colonne vertébrale, il faudrait s’abstenir de procéder à des étirements ou à une pression importante. Des douleurs durant le massage ne devraient pas survenir dans un tel contexte.
- Alimentation : Favoriser une alimentation saine, variée et équilibrée peut vous aider à maintenir un bon niveau d’énergie. Il est important que votre alimentation vous procure suffisamment de protéines et un apport calorique qui correspond à vos besoins. Si vous avez peu d’appétit, mangez de petits repas et des collations plusieurs fois par jour. Cuisinez lorsque vous avez le plus d’énergie et préparez une grande quantité d’aliments à congeler pour une prochaine fois. Consultez un nutritionniste au besoin. Assurez-vous également de boire suffisamment afin de prévenir la déshydratation, particulièrement si vous souffrez de diarrhée ou de vomissements. Au besoin, consultez le guide « Bien s’alimenter lorsqu’on a le cancer » de la Société canadienne du cancer.
- Soyez indulgente envers vous-même : Si vous êtes très souvent fatiguée, il peut devenir frustrant et décourageant de constater que vous n’arrivez pas à faire toutes vos activités comme avant. Soyez indulgente envers vous-même : vous blâmer de ne pas faire ce que vous « devriez » faire ne fera que vous décourager davantage. Essayez de prendre soin de vous comme vous le feriez avec un être cher, d’avoir autant de compassion pour vous-même que si quelqu’un que vous aimez était dans la même situation. Donnez-vous le droit de prendre du temps pour faire des choses agréables et reposantes.
- Conservation de l’énergie et adaptation des activités : Même s’il est primordial de vous accorder du temps de repos, il peut aussi être très déprimant de cesser toute activité! Mieux vaut trouver un équilibre entre les périodes de repos et d’activité pour vous assurer que vos tâches prioritaires soient accomplies. Cela demande d’établir vos priorités et de planifier vos journées en conséquence. Commencez par les tâches prioritaires, espacez vos activités en alternant avec des périodes de repos, fractionnez certaines corvées trop fatigantes (ex. : coupez les légumes pour le souper le matin et faites le reste de la préparation en après-midi) ou adaptez celles-ci (ex. faites certaines opérations assises plutôt que debout). N’hésitez pas à déléguer des tâches qui peuvent être accomplies par quelqu’un d’autre. Il est essentiel d’apprendre à demander de l’aide et surtout à accepter l’assistance qui vous est offerte afin de préserver votre énergie pour passer davantage de temps à faire les choses qui sont vraiment importantes pour vous. Dans un contexte où un cancer métastatique s’échelonne souvent sur plusieurs années, il est important de s’assurer qu’on ne s’oublie pas soi-même. Les autres peuvent oublier votre maladie, surtout si vous ne prenez qu’un traitement anti-hormonal sous forme d’une pilule chaque jour et que vous ne voyez le médecin qu’aux trois mois. Même si vos proches n’ont plus conscience de votre maladie, vous pouvez avoir des symptômes qui vous rendent moins efficace qu’avant dans votre quotidien. Il faut en convenir vous-même et parfois en discuter de nouveau avec vos proches.
- Améliorer la qualité de votre sommeil : Voir la section sur l’insomnie.
- Tentez de réduire votre stress : Voir les sections sur l’anxiété et sur la peur de progression de la maladie.
- Tenir un agenda de votre fatigue : Il peut être très utile d’écrire dans un journal ou un agenda les variations d’intensité de votre fatigue à différents moments de la journée (matin, midi, soir) et après différentes activités. Cela peut vous permettre de voir à quels moments vous avez plus d’énergie et de planifier vos activités en conséquence. Vous pourrez aussi remarquer les facteurs qui semblent exacerber ou atténuer votre fatigue. Peut-être constaterez-vous que certaines activités vous fatiguent beaucoup (ex. faire du ménage) alors que d’autres vous redonnent de l’énergie (ex. voir des amis, prendre une marche).
Si vous avez tenté plusieurs de ces stratégies sans succès ou que vous arrivez difficilement à les appliquer par vous-même, parlez-en à votre équipe soignante et n’hésitez pas à demander l’aide d’un professionnel. La thérapie cognitive-comportementale, offerte par un psychologue ou un psychothérapeute qualifié, est reconnue efficace pour la gestion de la fatigue associée au cancer.
- ATTENTION :
- N’hésitez pas à consulter votre médecin traitant si votre fatigue s’accompagne de certains symptômes parmi les suivants :
étourdissements, perte d’équilibre ou chute; - • essoufflement marqué sans raison apparente;
- • palpitations cardiaques;
- • fatigue qui apparaît subitement beaucoup plus intense;
- • pâleur de la peau;
- • fièvre;
- • saignements inexpliqués;
- • frilosité;
- • prise de poids inexpliquée;
- • tristesse marquée qui perdure dans le temps ou perte d’intérêt pour vos activités habituelles.
- N’hésitez pas à consulter votre médecin traitant si votre fatigue s’accompagne de certains symptômes parmi les suivants :
Insomnie
Description
Presque tout le monde aura au moins un épisode d’insomnie dans sa vie. L’insomnie est la difficulté à s’endormir ou à rester endormi pendant la nuit.
L’insomnie peut empirer les autres symptômes reliés au cancer tels que la douleur, la fatigue, la dépression et l’anxiété.
Prise en charge
Un professionnel de la santé ou votre médecin tentera d’abord d’identifier la cause de l’insomnie. Il vous posera des questions sur vos habitudes de sommeil, vos antécédents psychologiques, vos symptômes physiques et leurs changements et votre médication.
Le but de la prise en charge de l’insomnie est d’atteindre un sommeil réparateur et d’améliorer votre qualité de vie. Des médicaments peuvent vous y aider. Bien que leur effet soit immédiat, leur utilisation à long-terme pose habituellement des problèmes et devrait être évitée. La thérapie comportementale, quant à elle, n’agit pas nécessairement immédiatement, mais vous courrez la chance de bénéficier d’une efficacité durable.
Votre médecin pourra vous recommander de consulter un psychologue ou un spécialiste du sommeil.
Symptômes dépressifs, anxiété et symptômes psychologiques
Les bouleversements émotifs expliqués dans l’autre section, qui surviennent à l’annonce d’un cancer métastatique sont probablement normaux dans ce contexte et finiront par s’estomper graduellement, à mesure que vous vous adapterez à cette nouvelle situation et à ses conséquences. Vous craindrez peut-être de vivre une dépression*7 et de l’anxiété. Un tel diagnostic repose sur des critères précis utilisés par les professionnels de la santé mentale ainsi que sur la présence de symptômes d’une certaine intensité pendant une période d’au moins deux semaines.
En voici quelques-uns :
- Une tristesse persistante, présente pratiquement toute la journée, presque tous les jours
- Une diminution de l’intérêt ou du plaisir pour la plupart des activités
- Un changement dans l’appétit ou le poids
- Un changement dans la qualité du sommeil
- Une fatigue* 9 ou une perte d’énergie importante
- Un sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive
- Une diminution de la capacité à penser et à se concentrer
- Des idées noires, des pensées de mort ou des idées suicidaires. Si de telles pensées vous habitent, vous devriez appeler rapidement un proche pour lui en faire part ou encore votre centre local de prévention du suicide.
Si ces manifestations vous semblent persistantes et qu’elles ne diminuent pas en intensité, n’hésitez pas à en parler avec un intervenant de votre équipe de soin. Ce peut être votre médecin de famille, votre oncologue, ou votre infirmière pivot en oncologie* 8. Votre équipe comprend peut-être aussi un travailleur social ou un psychologue. Tous ces intervenants seront en mesure d’évaluer avec vous cette situation et de s’assurer que ces réactions demeurent normales dans ce contexte. Que ce soit pour soutenir un processus d’adaptation qui se fait difficilement ou encore pour traiter une dépression* 7, diverses approches psychosociales, psychologiques ou pharmacologiques peuvent être envisagées.
Pour en savoir plus :
Cancer et dépression :
https://www.chudequebec.ca/patient/maladies,-soins-et-services/m-informer-sur-ma-maladie-ou-ma-condition/cancer-et-depression.aspx
Cancer et insomnie :
https://www.chudequebec.ca/patient/maladies,-soins-et-services/m-informer-sur-ma-maladie-ou-ma-condition/insomnie-et-cancer.aspx
Cancer et anxiété
https://www.chudequebec.ca/patient/maladies,-soins-et-services/m-informer-sur-ma-maladie-ou-ma-condition/anxiete-associee-au-cancer.aspx